mardi 6 mars 2012

PETIT PRÉCIS D’ÉCRITURE JOURNALISTIQUE À L'HEURE DES MOTEURS DE RECHERCHE

50 à 70% des articles en ligne sont consultés à la suite d'une recherche sur les moteurs. Forts de ce constat, les médias en ligne utilisent les techniques dites de SEO (Search Engine Optimization - Optimisation pour les Moteurs de Recherche) censées apporter un maximum d'informations aux robots d’indexation de ces moteurs. L'objectif est simple : assurer une meilleure visibilité des productions des journalistes. 

Être journaliste sur le web est décidément un métier bien à part. Terminé le temps où l'on cherchait le jeu de mot le plus clinquant afin d’attirer l’attention du lecteur. Désormais, avec la prédominance de la recherche sur le web, il faut faire en sorte d'être facilement visible par les moteurs de recherche. En conséquence, pour les journalistes web, tout est une question de mots clés : il s'agit de trouver et placer dans le titre, mais aussi de manière récurrente dans l’article, les termes qui permettront le référencement par les robots des moteurs de recherche. La finalité est double : permettre aux moteurs de faire remonter l'article au lecteur, mais aussi correspondre aux recherches des internautes. 

L’impact des mots
Les journalistes aiment le challenge qui consiste à trouver le titre le plus imagé, pour ne pas dire le plus racoleur. Mauvais calcul : ce n’est plus l’aspect recherché ou humoristique d’un titre qui fait la différence sur le net. C’est désormais le fait de coller un maximum avec les recherches de l'audience et d'être facilement repérable par les robots des moteurs de recherche. 
Les 10 termes les plus recherchés sur Google depuis début 2012
Toute catégories confondues, les mots les plus recherchés sur Google en France depuis le début de l’année 2012 sont entre autres Free, France, Hollande, Sarkozy ou encore PSG. Ces mots sont donc une assurance à la fois d'être vu par les robots, mais aussi de cadrer avec les recherches les plus récurrentes des internautes. Concrètement, si un individu recherche "Hollande" sur Google, il verra remonter en plus de la page Wikipédia et le site de campagne du candidat socialiste, ainsi que le site de l'office néerlandais du tourisme, les articles à la une qui comportait "Hollande" dans le titre. Sans compter tous les articles visibles à partir de l'onglet Actualités.
Résultat de la recherche "Hollande" le 5 Mars à 19h
La titraille revêt donc une importance capitale. Elle doit aller droit au but, contenir l’information, les mots clés principaux, et surtout ne doit pas être imagée. Pour prendre l’exemple de François Hollande, il est indispensable de le citer dans le titre et non pas user des termes comme « le candidat socialiste », etc. Par exemple, un article d'hier intitulé : « Pacte anti-Hollande: Sarkozy et les grandes capitales démentent tour à tour » est remonté car le titre comporte les mots clés « Pacte » « Hollande », « Sarkozy ». Si il s’était intitulé «  Front européen anti candidat socialiste : le président de la république et les grandes capitales démentent tour à tour », force est de constater qu’il n’aurait probablement pas été aussi visible par les robots. 

Cet exemple caricatural montre que le titre joue un rôle primordial dans le recensement d’un article par les moteurs de recherche. La raison est toute simple : Google part du principe que chaque titre détermine ce qu’il y aura dans la page. Le choix des mots clés a donc son importance, mais celui des termes périphériques l’est tout autant. Ils doivent être les plus signifiants possibles et ne pas laisser de place à l’ambiguïté. Le titre ne fait évidemment pas tout. Le thème de l’article, les mots clés et ceux appartenant à son champ lexical doivent évidemment être répétés plusieurs fois dans l’article.

Dictature du lectorat ou retour aux sources?
Ce nouvel aspect du journalisme pourrait permettre une sorte de retour aux bases. Le journaliste a la vocation d'écrire pour un lectorat, mais trop souvent, il tente de se démarquer en ne se tenant pas aux simples faits, et en y apportant une interprétation. La tendance qu'ont les lecteurs à exiger une information précise, formulée de façon simple et concise contraint ainsi le professionnel à repenser cette façon de transmettre l'information. 

On aboutit alors à cette équation simpliste certes, mais assez évocatrice : Objectivité + Clarté + Précision dans les termes = Recensement par les moteurs de recherche = Plus de lecteurs 

Pour certains, la SEO dénature le métier de journaliste car elle pousse le professionnel à écrire uniquement sur des sujets en mesure de provoquer l’intérêt de l'audience et susciter des réactions. C'est pourtant le coeur du métier de publier pour son audience. La profession doit rester réceptive à ces demandes, et les outils de SEO permettent d'aller en ce sens, tout comme ils donnent la possibilité de s'assurer que les articles seront vus, donc lus. 

Permettre aux rédactions de connaitre le profil de leurs lecteurs, et leur apporter une information précise et de qualité, tel est donc le double objectif des techniques de SEO. Elles permettent au journalisme de s'adapter aux évolutions technologiques et aux nouvelles pratiques des "consommateurs d'information" afin de rester des sources d'information pertinentes et essentielles aux yeux des lecteurs.

Sources : Owni.fr - Slate.fr

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